Une invitation à se perdre et à s’émerveiller dans un univers où chaque détour est porteur de mystères et d’émotions authentiques.
Par Julien Brière
Ça y est! Le lancement du tant attendu Hell is Us est à nos portes! Avec à sa tête l’ancien directeur artistique de Deux Ex : Human Revolution, ce jeu est développé par le Studio montréalais Rogue Factor et est édité par la firme française Nacon. Mais est-ce que ce jeu solo action-aventure en monde semi ouvert est à la hauteur des attentes? C’est la réponse que vous obtiendrez en lisant les prochaines lignes!
L’histoire
Dans un pays fictif nommé Hadéa, déchiré par une guerre civile entre deux peuples, s’entrelacent les fils du politique et du mystique. Des sociétés secrètes et des groupes religieux y tirent (ou ont tiré) les ficelles de l’ombre, leur influence ayant libéré une étrange Calamité surnaturelle qui plane désormais sur l’ensemble du territoire. Au cœur de ce chaos, on incarne Rémi, une personne exilée dès l’enfance, qui revient en quête de ses origines et d’une compréhension profonde du conflit qui ronge Hadéa et des forces mystérieuses qui le traversent. L’aventure débute par un interrogatoire énigmatique, plongeant d’emblée dans un monde où chaque réponse soulève davantage de questions, entre secrets enfouis et menaces surnaturelles omniprésentes.
Au cours de votre progression, vous serez amené à interagir avec divers personnages non-joueurs (PNJ). Ces interlocuteurs pourront vous communiquer des informations utiles ou non pour le déroulement de la quête principale ainsi que pour les quêtes secondaires. Ils partageront également leurs perspectives sur l’univers dans lequel ils évoluent, expriment leurs préoccupations et dévoilent leurs sentiments, contribuant ainsi à renforcer la cohérence et l’immersion du monde que vous explorerez au fil de votre aventure.
Le monde
S’imprégner du monde de Hell is Us, c’est plonger dans une expérience profondément immersive, portée par des environnements variés et une direction artistique souvent sublime. Que l’on traverse les marais inquiétants, les bords de lacs paisibles ou les villages en ruines, chaque lieu raconte une histoire singulière et révèle la richesse du pays fictif d’Hadéa. Les donjons dissimulent des passages secrets et des raccourcis, tandis que les panoramas spectaculaires ponctuent la progression, témoignant du soin apporté à chaque zone. L’ambiance, tantôt oppressante, tantôt franchement horrifique, naît d’un mixe réussi entre musiques troublantes, bruits étranges et décors crasseux, créant sans cesse un sentiment de tension palpable. Le level design, efficace, même sans être renversant, contribue à cette sensation d’exploration, tandis que la diversité des environnements empêche toute monotonie. On sent à chaque instant le souci du détail qui fait de Hell is Us une aventure à la fois inquiétante et fascinante, invitant à l’émerveillement comme à la vigilance. La direction artistique de certains endroits visités est tout simplement sublime.
Jouabilité et mécaniques
Dans ce jeu à la troisième personne mêlant exploration et combats de style "souls-lite", vous plongez dans un univers sans carte ni repères, où seule votre boussole guide vos pas à travers des régions mystérieuses. Cette liberté d’exploration, où l’ordre des actions est laissé à votre discrétion, constitue l’un des points forts du jeu. Vous menez des enquêtes pour percer les secrets de l’histoire, en consultant régulièrement votre tablette, qui contient les indices nécessaires à la progression.
Les combats, bien conçus, intègrent une mécanique originale de récupération de vitalité : frapper un ennemi génère un cercle blanc autour de votre personnage, et une fois complet, un appui sur R1/RT restaure une partie de votre santé. Sans système de leveling, votre puissance repose sur la forge et l’amélioration d’artefacts, avec quatre types d’armes aux répertoires de coups distincts, personnalisables via des infusions de forces mystiques et des glyphes. Ces glyphes, découverts en explorant, confèrent des capacités spéciales, tout comme les modules pour votre drone, un compagnon qui scanne objets et écrits ou aide en combat. Chaque module offre au joueurs une toute nouvelle utilisation du drone, ce qui diversifie les options lors des combats.
L’exploration est au cœur de Hell is Us: fouiller chaque recoin en récompense par des objets variés (documents, clés, consommables), dont l’utilité, parfois obscure, s’éclaire au fil des énigmes ou des quêtes. Les puzzles, parfois ardus, exigent concentration et lecture attentive des documents collectés, incitant à prendre des notes. Cependant, Hell is Us n’est pas pour tous : son investissement requis, son ambiance parfois gore (surtout dans certains environnements) et son absence de personnalisation poussée du personnage (vêtements rares et purement cosmétiques) le destinent aux amateurs de lore et d’immersion, loin du rythme effréné des jeux "fast-food".
Côté combats, le système de parade et de roulade est classique, mais la faible diversité des ennemis et l’absence de boss mémorables peuvent décevoir. Le jeu propose d’ailleurs différents niveaux de difficulté afin qu’il soit accessible à tous. Les missions secondaires, (parfois manquables malheureusement), et les coffres disséminés enrichissent l’expérience, tandis qu’un système de déplacement entre zones (mais pas intra-zones) et des points de sauvegarde facilitent la progression, avec des ennemis réapparaissant uniquement lors des changements de zone. Hell is Us brille par son équilibre entre exploration, énigmes et combats, mais demande patience et engagement pour en savourer toute la richesse.
Technique
Sur le plan technique, Hell is Us impressionne par la qualité de sa réalisation graphique, rivalisant sans peine avec les titres phares du genre. L’attention portée à l’esthétique se ressent, offrant aux joueurs et joueuses une expérience visuelle agréable. Les cinématiques, bien que correctes sans être mémorables, contribuent à l’immersion, même si l’expression des visages reste parfois figée. Au fil de mon aventure, quelques bogues mineurs de collision se sont manifestés, mais rien qui puisse réellement entacher le plaisir de jeu. Un léger bémol subsiste concernant la consultation de la tablette, dont le temps d’attente parait un peu trop long, là où une exécution instantanée aurait été préférable. Le menu, intégré à cette tablette, gagnerait également à être simplifié pour favoriser la fluidité de la navigation. Également au point de vue des combats, j’ai eu quelques soucis concernant la réactivité de certaines touches, notamment lors de l’usage des capacités spéciales (glyphes). J’ai également eu quelques problèmes avec la gestion de la caméra dans les endroits plus fermés. Pour ce qui est des performances graphiques, je n’ai pas eu de problèmes de chutes de FPS ou d’autres enjeux de clipping ou autre.
Son et musique
L'une des grandes réussites de Hell is Us réside dans son ambiance sonore, qui amplifie magnifiquement l’immersion du joueur. Malgré un volume initial trop élevé (facilement ajustable dans les options), la trame sonore, à la fois singulière et envoûtante, s’harmonise parfaitement avec l’atmosphère du jeu, renforçant les sensations d’oppression et de mysticisme qui imprègnent le titre. Cette musique, bien que particulière (son effet se dévoile pleinement en jeu) enveloppe les moments d’une aura unique. À cela s’ajoute une version française d’une très bonne qualité, portée par des artistes québécois qui prêtent leur voix aux personnages. Ce doublage brille par son excellence et surprend agréablement par des accents québécois audibles chez certains protagonistes, ajoutant une touche locale chaleureuse et immersive à l’expérience globale.
Un peu de nostalgie
Petit aparté ici : jouer à Hell is Us m’a rappelé l’ambiance des jeux des années 90, mais avec des mécaniques modernes. Par moments, le jeu m’a fait penser à Blade Runner (1997), notamment pour l’exploration et les dialogues naturels avec les PNJ. Même s’il ne copie pas ce classique, Hell is Us a ravivé une certaine nostalgie, et j’ai adoré ce ressenti. Pas d’inquiétude pour les plus jeunes : Hell is Us reste un jeu parfaitement actuel!
Conclusion
En définitive, Hell is Us s’impose comme une aventure à part, façonnée par une direction artistique ambitieuse et un souci du détail qui transparaît dans la moindre parcelle de son univers. Loin de simplement reproduire les codes du genre, le jeu cultive son identité propre, offrant une exploration fascinante, ponctuée d’énigmes et d’une histoire riche, le tout servi par une ambiance sonore envoûtante. Si ses choix de conception – comme l’absence de carte, la difficulté soutenue ou un système de progression atypique – risquent de rebuter une partie du public plus friand d’action immédiate, Hell is Us s’adresse avant tout à celles et ceux qui aiment s’immerger dans des récits denses, où chaque découverte est le fruit de la curiosité et de la persévérance. Avec ses quelques défauts techniques mineurs et une ergonomie perfectible, le jeu parvient tout de même à bâtir une expérience mémorable, réservée aux amatrices et amateur de défis narratifs, d’ambiances singulières et de mondes à explorer sans relâche. Ajouté à cela une durée de vie plus que respectable (plus de 30h), Hell is Us c’est une invitation à se perdre et à s’émerveiller dans un univers où chaque détour est porteur de mystères et d’émotions authentiques.
Les plus
- L’histoire et sa profondeur
- Le monde, les environnements
- L’ambiance ponctuée de mysticisme
- Son originalité
- La musique immersive…
Les moins
- …Parfois un peu trop présente par moment
- Les combats pas toujours précis et les soucis de caméra
- La faible variété des ennemis
Note finale
*La copie du jeu utilisée pour la réalisation de ce test provient de l'éditeur, lequel n'intervient aucunement dans le processus de création des critiques du Salon de Gaming de Monsieur Smith.
Hell is Us Site officiel
Développeur : Rogue Factor
Éditeur : Nacon
Plateformes : PC Steam (ce test), Xbox Series X|S, PS5
Prix : 64,99$
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