TEST - Season: A Letter to the Future (PS5, PS4, PC)

Intime et déstabilisant, c'est une oeuvre qu'on nous demande d'admirer, de toucher et d'y ajouter notre touche personnelle.

Par Jacques Germain
Quelle est votre saison favorite? Vous savez, celle qui vous rend si bien dans votre peau, qui vous donne envie d’y séjourner toute une vie? Est-ce la froideur de l’hiver? Ses journées d’un blanc si doux qu’il finit par nous éblouir au bout d’un moment. Ou plutôt l’automne et l’endormissement des arbres qui donnent libre cours à une poésie de feuilles virevoltantes au son du vent? Ah je sais, c’est plutôt l’été et cette sueur qui vous coule le long de la nuque pour vous donner des frissons. Non? Le printemps alors, moi aussi, j’aime bien ce renouveau, cette neige qui nous quitte, laissant la couleur revenir tranquillement dans notre quotidien. Nous sommes chanceux de vivre une année complète de saisons en saisons sans se faire trop de soucis. Et si une nouvelle saison était aussi une nouvelle ère? Comment réagirions-nous? Comment poursuivre le travail commencé et surtout le perpétuer? Season : A Letter to the Future, nous livre un touchant témoignage dans une expérience inédite. 


C’est la fin

Dans cet univers, la fin d’une saison est cataclysmique, c’est-à-dire que le monde comme nous le connaissons ne sera plus jamais le même. Cette fois, c’est une inondation qui risque de tout faire changer. Estelle, une jeune femme vivant avec sa mère, se porte volontaire pour partir en expédition, espérant amener avec elle le plus grand nombre de souvenirs et d’informations qui serviront à perpétuer leur héritage. N’étant jamais sortie de son village natal, elle se lance à l’aide sa bicyclette dans un périple emplis de sérénité que même moi n’avais pas osé imaginer. Avant de quitter, un rituel ancien lui permettant d’être protégé d’ici la fin de la saison est concocté par sa mère. Emprisonnant quelques souvenirs dans un cristal, un mal pour un bien pour Estelle. La voilà partie pour une expérience sensorielle inégalée.


Mais comment rapporter tous les souvenirs, coutumes, rencontres et paysages rencontrés durant les prochaines heures? Une caméra photo, un enregistreur numérique et un carnet de croquis seront les meilleurs amis d’Estelle. C'est ainsi qu'elle part de Caro, son petit village. Un premier arrêt dans la place centrale nous permet de voir comment notre aventure sera organisé. Un bruit venant de derrière une porte nous est familier. Pourquoi ne pas l'enregistrer et le conserver comme souvenir. C'est ainsi que l'on pourra se servir de l'enregistreur durant notre périple. Capturer chaque petit bruit, ou moment de détente. Passant d'un léger souffle du vent jusqu'au balbutiement de l'eau du lac. Il est possible de tout enregistrer et c'est là que Season est une œuvre personnelle en soi. Si moi j'aime le bruit du camion en marche, libre à moi de l'amener jusqu'à ma destination finale sur un enregistrement. Après tout, peut-être que les camions n’existeront même plus après cette saison. C’est donc à vous de capter les moments qui détermineront votre voyage et qui passeront à la prochaine saison. 


Le photographe en vous

Et la caméra elle? Le même principe s'applique que l'enregistreuse. Vous aimez cette plante qui pousse en bordure de rue? Un simple zoom, l'application d'un filtre si le cœur vous en dit et le tour est joué. Il se retrouve parmi vos souvenirs impérissables. De plus, Estelle vous offre toujours un commentaire sur la plupart des photos prises. Je me suis surpris à prendre en photo des objets que je croyais sans importance. Mais non, Estelle trouvait le moyen d’offrir un commentaire sur l’objet. Parfois historique, parfois cocasse ou simplement pour vous apprendre quelque chose. Un tour de main de Scavengers Studio au niveau de la profondeur du titre et de son histoire. 


Votre aventure sera simple, voyager et arrêter où bon vous semble. Aucune obligation si le paysage ne vous semble pas intéressant. Simplement à continuer votre chemin à bicyclette. Celle-ci sera d’ailleurs votre plus grande amie, même si son contrôle laisse parfois à désirer dans certaines portions du titre. Si vous y jouez sur PS5, sachez que les manettes adaptives vous donnent une sensation de pédaler unique et intéressante. Dommage que le contrôle soit par moment agaçant et que d’embarquer et de descendre du vélo soit si fréquent.


Un petit carnet

Oh, un lac si magnifique! C’est dans ces moments que je m’arrêtais pour prendre quelques clichés pour mon album. Celui-ci aura une page complète pour chacun des endroits visités. Vous devrez y apposer photos, enregistrements, petites pensées et même quelques bordures pour le décorer. Une fois un certain nombre d’éléments atteints, Estelle ira d’une dernière inspiration sur ce lieu pour boucler la boucle. Tout ceci m’a littéralement fait fondre d’admiration pour l’idée du concept de Scavengers Studio. C’est de loin le point fort de l’expérience et cela nous donne encore plus le feeling de créer notre propre histoire unique. 


La fin de saison est proche, les habitants se dirigent tous vers des abris pour survivre jusqu’à la nouvelle ère. Vous rencontrerez que très peu de personnages mais sachez que ceux-ci vous en raconteront plus sur le passé, leurs propres souvenirs ainsi que sur le déclenchement de cette fin inattendue. Un bon vieux concept de choix de dialogue sera là pour vous guider et vous offrira des moments simples, uniques et d’un réconfort absolu. C’est dans ces moments-là que j’ai apprécié au plus haut point mon expérience. Car ce n’est pas un jeu mais bien une expérience qu’il faut vivre. 


De l’art et des mots

C’est beau, c’est magnifique mais c’est surtout unique. La création d’un monde est toujours un processus complexe et il se doit d’être sans faille. C’est presque le cas ici, de Season qui nous offre quelques petites pépites en dévoilant que très peu sur cet univers au final. J’aurais tellement apprécié que le titre soit plus grand, plus long et qu’on y ajoute encore plus de personnages. Mais le tout est si touchant et joli visuellement qu’on leur pardonne le tout. Ce que je ne peux en revanche pardonner, l’horrible doublage français qu’on nous offre! La lecture de phrase sans réelle émotion. Comme si chacune des phrases n’avaient aucun lien avec celle d’avant ou de la prochaine. Comme quand je lis un histoire à mon fils avant de le coucher et que je n’y mets parfois aucun effort car la fatigue de la journée me rattrape. J’ai dû, malheureusement, changer pour la langue de Shakespeare. Dommage!


Une note ou pas?

J’ai beaucoup de difficulté à offrir à Season : A Letter to the Future une note. Non pas que le titre n’en mérite pas, au contraire, j’ai adoré mon expérience d’environ 8 heures avec celui-ci. Mais ce n’est pas un jeu. C’est carrément une œuvre qu’on nous demande d’admirer, de toucher et d’y ajouter notre touche personnelle. C’est intime, c’est déstabilisant aussi en même temps et bien franchement pas pour tout le monde. Je lève mon chapeau à Scavengers Studio qui ose offrir un produit comme celui-là. On y joue si votre cœur est serein et demande à voir les beautés de la vie.


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*La copie du jeu utilisée pour la réalisation de ce test, provient de l'éditeur, lequel n'intervient aucunement dans le processus de création des critiques du Salon de Gaming de Monsieur Smith.


Season: A Letter to the Future Site officiel
Développé et édité par Scavengers Studio
Plateformes : PlayStation 5 (ce test), PlayStation 4, PC
Prix : 39,99$

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