Par Jacques Germain
Derrière Hail to the Rainbow, on retrouve un développeur indépendant qui poursuit une vision bien précise : proposer des expériences narratives sombres, axées sur l’atmosphère, l’introspection et la lente découverte, j’adore ça. Sans chercher à rivaliser avec les grandes productions, le créateur Sergey Noskov mise plutôt sur une identité forte, une direction artistique marquée et une narration environnementale qui demande au joueur de prendre le temps d’observer, d’écouter et de réfléchir.
Avec Hail to the Rainbow, cette ambition est plus claire que jamais. Le jeu s’inscrit dans la lignée de ses précédents projets, où l’on sent une fascination pour les univers dystopiques, la technologie laissée à l’abandon et les sociétés qui se sont effondrées sous leur propre poids. Ici, le développeur pousse ces thèmes plus loin, avec un monde cyberpunk post-apocalyptique qui ne cherche pas à impressionner par l’action, mais plutôt par l’atmosphère et le malaise constant qu’il installe.
On incarne Ignat, un jeune survivant dans un futur post-apocalyptique, où l’effondrement technologique et social a laissé derrière lui des villes mortes, des complexes industriels abandonnés et une atmosphère de fin du monde omniprésente. Dès les premières secondes, le jeu installe un malaise constant. On avance toujours avec cette impression que quelque chose pourrait arriver, que le danger n’est jamais loin, même lorsqu’il ne se manifeste pas directement. Hail to the Rainbow joue énormément sur l’anticipation, sur la peur de l’inconnu, et sur cette tension psychologique qui ne nous lâche jamais vraiment.
Une ambiance lourde et réussie
Le plus grand point fort du jeu reste sans aucun doute son ambiance. Le côté sombre est omniprésent, mais jamais gratuitement. Chaque décor, chaque bâtiment abandonné, chaque pièce silencieuse contribue à cette sensation de monde en ruines. On sent que tout ce qui nous entoure a déjà servi, a déjà été habité, et a été abandonné par des familles, probablement en peur. Le jeu excelle à raconter son univers sans forcément passer par de longs dialogues. L’environnement parle de lui-même.
La direction artistique est froide, presque trop par moments, mais toujours cohérente avec le ton du jeu. Les couleurs sont ternes, les éclairages minimalistes, et les contrastes renforcent ce sentiment d’isolement. Le son joue aussi un rôle clé : le silence est souvent plus oppressant que la musique, et quand celle-ci se fait entendre, elle accentue la tension plutôt que de la soulager. On avance constamment sur le qui-vive, en se demandant ce qui nous attend au détour d’un couloir ou derrière une porte.
Une histoire qui donne envie d’aller plus loin
L’histoire de Hail to the Rainbow est un autre de ses points forts. Sans être révolutionnaire dans ses thèmes, elle est bien racontée et surtout bien amenée. Le jeu prend son temps pour dévoiler son univers, ses enjeux et les conséquences de ce monde brisé. On découvre l’intrigue à travers des documents, des messages électroniques, des souvenirs fragmentés et des dialogues parfois rares, mais toujours significatifs.
Ce qui fonctionne particulièrement bien pour moi, c’est la façon dont le jeu nous donne envie de comprendre ce qui s’est passé. On n’est pas simplement un personnage qui avance d’un point A à un point B : on doit être curieux, on cherche des réponses, on veut savoir comment ce monde en est arrivé là. On sent une vraie intention narrative, et surtout une volonté de raconter quelque chose.
Une jouabilité inégale et parfois frustrante
Malheureusement, là où Hail to the Rainbow m’a déçu, c’est au niveau de ses contrôles et de ses interactions. C’est même le principal point faible du jeu. Les contrôles sont souvent trop pointus, trop rigides, surtout lorsqu’il s’agit d’interagir avec l’environnement. Actionner un interrupteur, utiliser un objet précis ou interagir avec certains éléments demande parfois une précision excessive qui nuit au rythme.
Il arrive trop souvent de se retrouver face à un objet, de savoir exactement ce qu’il faut faire, mais de lutter avec le système d’interaction. Le curseur n’est pas toujours clair, les zones interactives manquent parfois de lisibilité, et cela crée une frustration inutile. Ce n’est pas une difficulté voulue ou intelligente, mais plutôt une maladresse technique qui vient casser l’immersion.
Les puzzles, eux aussi, souffrent parfois de ces contrôles imprécis. Certains sont intéressants sur le papier, mais deviennent pénibles à cause de l’interface ou de la manière dont le jeu nous demande d’interagir avec les éléments. C’est dommage, car sans ces problèmes, l’expérience aurait été beaucoup plus fluide et agréable.
Un équilibre fragile
Le jeu alterne entre exploration, narration, séquences plus tendues et moments de réflexion. Dans l’ensemble, l’équilibre est correct, mais pas parfait. Il y a des passages où le rythme est excellent, où l’on se sent pleinement immergé, et d’autres où l’on sent que le jeu étire un peu trop certaines mécaniques. Les affrontements, par exemple, ne sont pas le cœur de l’expérience et se contentent du strict minimum.
Cela dit, Hail to the Rainbow ne cherche pas à être un jeu d’action pur, et ce n’est pas ce qu’on lui demande. Le problème n’est pas tant le contenu que la façon dont on y interagit. Avec des contrôles plus souples et une meilleure gestion des interactions, le jeu aurait clairement gagné en impact.
En conclusion
Hail to the Rainbow est une expérience marquante par son ambiance et son récit. Il réussit à créer un monde crédible, sombre et oppressant, qui donne envie d’être exploré malgré ses dangers. L’histoire est intéressante, bien intégrée à l’univers, et pousse le joueur à aller de l’avant pour comprendre ce qui s’est réellement passé.
Cependant, les contrôles trop rigides et les interactions parfois maladroites viennent ternir l’expérience. Ce sont des défauts difficiles à ignorer, surtout dans un jeu qui mise autant sur l’immersion. Malgré tout, l’ensemble reste solide et mérite d’être vécu, surtout pour les amateurs de jeux narratifs sombres et d’univers post-apocalyptiques comme moi.
Note finale
*La copie du jeu utilisée pour la réalisation de ce test, provient de l'éditeur, lequel n'intervient
aucunement dans le processus de création des critiques du Salon de Gaming de Monsieur Smith.
Hail to the Rainbow lien Steam
Développé et édité par Sergey Noskov
Plateforme : PC Steam
Prix : 19,49$
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